Cet appareil est imposant par ses dimensions (205 x 120 x 190 cm) et son allure générale, plutôt massive.
Situés sur la face avant de l'appareil, trois gros trous circulaires attirent immédiatement le regard. Le trou supérieur est relié à un large viseur à miroir qui renvoi le cadrage sur la partie supérieur de l'appareil.

Les deux autres trous correspondent aux deux optiques Rapid Rectilinear. A noter que l'optique gauche peut être obturée grâce à un opercule coulissant. Ce dispositif permettait d'utiliser l'appareil en mode non-stéréoscopique.

Sur l'arrière de l'appareil, deux autres fenêtres circulaires équipées chacune d'un filtre inactinique, permettaient de lire les numéros des vues portés sur le dos du film. Selon le mode de prise de vue (mono ou stéréoscopique), on utilisait l'une ou l'autre de ces fenêtres.

Sur le dessus de l'appareil, une solide poignée (encore présente sur l'appareil de ma collection) porte la mention "Eastman Kodak & Co - N°2 Stereo-Kodak - Rochester N.Y. USA". 

A droite de la fenêtre du viseur, on trouve successivement : un niveau à bulle permettant d'ajuster l'assiette de l'appareil lors de la visée et le bouton papillon permettant l'avance du film.

L'obturateur est une version spéciale du Eastman Automatic (double guillotines à bascule) ne nécessitant pas de réarmement. Deux boutons déclencheurs : l'un marqué T pour la pose, l'autre sans marquage, pour la prise de vue instantanée.

Cet appareil utilisait un film format 101 donnant des négatifs de 90 x 90 mm.

L'histoire de cet appareil est une des plus touchantes que l'on m'ait rapporté. Il y a fort long temps, cet appareil fut trouvé par le chef de la gare d'Antibes (France). Il avait été oublié sur un banc de cette gare par un voyageur distrait qui n'est jamais revenu... Du coup, l'appareil photographique orphelin trouva une famille d'adoption chez ce brave chef de gare.

Cette famille comptait dans ses rangs une petite fille espiègle. Celle-ci fut immédiatement subjuguée par le vénérable appareil. Croyant voir dans les trous ronds de ses deux objectifs, deux yeux qui la surveillaient, elle fit du coup un peu moins de bêtises... C'est en souvenir de cette croyance enfantine que le chef de gare, son grand-père, offrir cet appareil à sa petite fille devenue grande.

Celle-ci, je le sais, va souvent venir visiter cette page pour y retrouver son appareil. Je ne pense pas que la vue de celui-ci lui inspirera dorénavant la moindre frayeur mais beaucoup plus sûrement, elle évoquera chez elle le doux souvenir d'un grand-père adoré.